Fiche I : Justifier...

Justifier la traite Atlantique et l'esclavage colonial dans le discours des européens
(XVIIe-XIXe siècle)

 

Entre le XVe et XVIe siècle seul le Portugal pratique le commerce d’esclaves africains en Europe, les sujets portugais sont légalement habilités à pratiquer la traite. Des armateurs et négociants Français, Hollandais ou encore Anglais se lancent aussi dans ce commerce, plus ou moins officiellement et de manière privé. La pratique de la traite n’est pas spécifiquement interdite par les royaumes européens. En revanche, plusieurs cas de jurisprudences démontrent que la vente d’esclave n’est pas tolérée en terre chrétienne. Par exemple, en 1571 le parlement de Bordeaux ordonne la mise en liberté d’esclaves noirs proposés à la vente par un marchand normand.

 

Au XVIIe siècle, la demande d'esclaves des colonies américaines est grandissante, l’Espagne et le Portugal réalisent de gros profits sur ce trafic et des armateurs et négociants de toute l’Europe y participent déjà activement. La mise en valeur des colonies américaines est un levier important de l’engagement des pays européens dans la traite. La barrière morale élevée contre le commerce d’êtres humains cède, sous prétexte de «sauver les âmes païennes» l’Angleterre autorise la déportation d’esclaves dans ses colonies en 1620 et Louis XIII, alors roi de France, autorise la traite d’esclaves et l’esclavage dans les colonies françaises en 1642.

 

Les documents proposés ici évoquent le point de vue favorable à l’esclavage et à la traite négrière de différents acteurs gravitant autour du trafic d'esclaves et le système d'exploitation esclavagiste des colonies américaines, durant les trois siècles qu'a durés le commerce d'êtres humains dans l’espace atlantique :

 

 

Jurisprudence : désigne l’ensemble des décisions de justice précédemment rendues illustrant comment un problème juridique à été résolu.

 

Chronologie : La France et la traite atlantique

1594 - Ier expédition négrière rochelaise officieuse présumée, L'Espérance va au Gabon puis au Brésil

1626 - Autorisation de déporter 40 esclaves noirs à l'île de Saint-Christophe aux Antilles

1642 - Louis XIII autorise ses sujets à pratiquer la traite

1643 - Ier expédition officielle de L'Espérance de la Rochelle

1670 - Colbert accorde la liberté de commerce entre la métropole française et les îles des Antilles

1672 - Ier expédition négrière depuis Bordeaux, Le Saint-Etienne de Paris

1688 - Ier expédition négrière nantaise de La Paix et de Saint-Malo de Le pont d'or

1716 - Permission royale accordée à Rouen, Bordeaux et Nantes de faire librement le commerce des Noirs

1768 - Expansion par Louis XV pour les armateurs français du droit de la prime de 10 livres par tête de Noir introduit aux colonies par les navires négriers de Bordeaux, Saint-Malo, Le Havre et Honfleur

1777 - En France, mise en place de la Police des Noirs

1783 - Orientation de la traite française vers l'océan indien

1788 - En France création de la société des Amis des Noirs par Jacques Pierre Brissot et Etienne Clavière

1791 - Insurrection de Saint-Domingue

1793 - Abolition de l'esclavage à Saint-Domingue par les insurgés

1794 - Abolition de l'esclavage par la Convention

1802 - Rétablissement de l'esclavage aux colonies par Napoléon Bonaparte

1815 - Congrès de Vienne, sous l'impulsion de l'Angleterre, neuf puissances européennes dont la France s'engagent à interdire la traite

1818 -  La France interdit la traite

1827 - Loi relative à la répression de la traite

1848 - Abolition de l'esclavage dans les colonies françaises