Présentation du texte : Préjugé contre préjugé: L'avis tranché de l'actrice anglaise Fanny Kemble sur l'esclavage...

Présentation du texte
Préjugé contre préjugé: L'avis tranché de l'actrice anglaise Fanny Kemble sur l'esclavage aux Etats-Unis (1838)

 

Frances Anne Kemble Butler (1809-1893), est une actrice et femme de lettres anglaise. Renommée à Londres, elle part en tournée aux Etats-Unis en 1832, où elle épouse deux ans plus tard Pierce Butler héritier d'un gros propriétaire terrien des états du Sud. Après ce mariage, elle passe plusieurs mois sur la plantation. Profondément choquée par ce qu'elle observe de la vie des esclaves, Fanny Kemble couche ses pensées dans un journal et dans des lettres à sa sœur, qu'elle n'enverra jamais. En conflit avec son mari à cause de son indépendance et de ses prétentions anti-esclavagiste, elle finit par le quitter en 1846 et obtient le divorce en 1849. Il faudra encore attendre son retour en Angleterre en 1863, durant la guerre de Sécession (1861-1865) pour qu'elle publie: Journal of a Residence on a Georgian Plantation in 1838-1839, au moment où le parlement anglais débat sur une potentielle implication des forces armées du pays dans le conflit au côté de l’un ou l’autre des camps de la guerre civile américaine.

En Europe, l’Angleterre est le pays chef de fil de l’abolition de la traite atlantique et de l’esclavage. Après une forte mobilisation parlementaire, le commerce d’esclave par les sujets britannique est interdit en 1807. Lors du congrès de Vienne en 1815, sous l'impulsion de l'Angleterre, neuf puissances européennes dont la France s'engagent à interdire la traite. L’esclavage dans les colonies anglaises sera aboli en 1833. L’abolition de l’esclavage s’est fait très progressivement aux États-Unis, l’état du  Vermont est le premier à abolir l’esclavage en 1777. Il faudra attendre la fin de la guerre de Sécession (1861-1865) et la promulgation du 13e amendement de la constitution américaine pour que l’abolition et interdiction de l’esclavage touchent l’ensemble des Etats-Unis.

Lorsque Fanny Kemble séjourne aux Etats-Unis, l’abolitionnisme prend une place prédominante en Europe. Depuis 1818, la traite atlantique est prohibée et un système de répression de celle-ci existe depuis 1827. L’esclavage a alors encore cours dans les colonies françaises, portugaises et espagnoles. Il est visible dans l’extrait choisi que l’auteure ne cache pas être dans le camp des abolitionnistes convaincus et s’offusque très ouvertement de la condition des esclaves américains.

Les voyageurs et voyageuses européens de la fin du XIXe siècle et ce même après l’abolition définitive de la traite et de l’esclavage par l’intégralité des pays européens ne s’offusquent pas forcement des conditions de vie des esclaves au Brésil ou à Cuba.

Ils profitent de l’esclavage, allant jusqu'à acheter et parfois ramener en Europe des esclaves comme serviteur affranchis. L’auteure a une vision de « la Liberté avant tout », refusant la thèse soutenant « Bonheur procuré par le travail servile » aux Noirs esclaves car il respecterait leur nature.

Le premier paragraphe évoque l’interdiction, ayant court aux Etats-Unis, d’apprendre aux esclaves à lire. L’argumentaire est vif et piquant, en effet les revendications d’accès à l’éducation sont relativement forte en Europe à cette époque particulièrement chez les personnes réclamant une amélioration de leur condition juridique et sociale comme par exemple les femmes.

 

La guerre de Sécession (1861-1865) ou guerre civile américaine est un conflit opposant l’Union dirigée par Abraham Lincoln composée des états abolitionnistes et la Confédération dirigée par Jefferson Davis composée de onze états du sud s’étant séparés du reste des Etats-Unis. Cette sécession des états du sud ayant été en grande partie provoquée par leur refus d’abolir l’esclavage sur leur territoire.

Le congrès de Vienne (1815) est une conférence qui s’est tenue entre le 18 septembre 1814 et le 9 juin 1815 entre les grandes puissances européennes vainqueurs de Napoléon Ier et les autres Etats européens. Les conditions de paix déterminant les nouvelles frontières de l’Europe sont ratifiées lors de ce congrès qui donne lieu à des discussions sur de nombreux sujets de portée internationale, comme la libre circulation maritime ou l’abolition de la traite atlantique.